Extrait du livre « Gynécologie-Obstétrique » des dossiers de l’expert aux éditions du Moniteur des pharmacies. Michèle Boiron, François Roux et Christelle Charvet. Avec l’aimable autorisation de l’auteur.
DÉFINITION
Les cystites sont définies par une inflammation de la vessie. Elles ont plusieurs origines :
- Les cystites infectieuses liées à la présence d’un germe; elles touchent un tiers des femmes le plus souvent entre 20 et 30 ans.
- Les cystites interstitielles encore appelées « cystalgies à urines claires».
- Les cystites radiques (après irradiation pelvienne), médicamenteuses (lors de certaines chimiothérapies), tumorales.
ASPECT CLINIQUE
Les cystites occasionnent des symptômes de type brûlures avant, pendant ou après la miction, pollakiurie (mictions trop fréquentes, douleurs pelviennes en général rythmées par la miction, impériosité mictionnelle.
• Dans le cas de cystites infectieuses, il peut exister une hyperthermie, une hématurie (sang dans les urines), des urines troubles ou odorantes, Le diagnostic est fait par la réalisation d’une bandelette urinaire qui identifie des nitrites et des leucocytes, complétée si besoin d’un examen cytobactériologique urinaire : en cas de cystite infectieuse, l’ECBU montre un seul type de germes en nombre supérieur à 1 million par litre d’urines, ce qui signe l’infection, il existe une leucocyturie associée et parfois une hématurie micro ou macroscopique. Le germe Escherichia coli est retrouvé dans 75 à 90 % des cas; vient ensuite le staphylocoque saprophyticus (5 à 10%). On parle de cystite récidivante à partir de 4 infections urinaires par an, correctement traitées.
. Les cystites interstitielles ou cystalgies à urines claires représentent un syndrome à manifestation urinaire. Les patients ont des symptômes identiques à ceux qui présentent une infection urinaire mais la bandelette urinaire ne montre pas de nitrites et l’ECBU est stérile. L’origine est mal connue; on évoque des troubles de la neuro-immunité avec hyperesthésie, des troubles de la perméabilité de l’urothelium vésical à certains composés de l’urine… Le diagnostic est fait sur la cystoscopie qui élimine un carcinome, une tuberculose et montre une inflammation vésicale avec ou sans ulcération. La prise en charge médicamenteuse est décevante.
ENVIRONNEMENT THÉRAPEUTIQUE
• Les antibiotiques sont les seuls traitements recommandés dans la prise en charge des cystites d’origine infectieuse. L’AFSSAPS a émis en 2008 des recommandations de bonne pratique pour éviter un mauvais usage des antibiotiques avec comme conséquence, l’apparition de résistances des germes aux antibiotiques :
– Monothérapie. – Réduction de la durée du traitement. – Fosfomycine trometamol (Monuril®) en première intention, en une prise unique.
• En seconde intention fluoroquinolone ou nitrofurantoïne (mais en mars 2012, une alerte de pharmacovigilance a été diffusée concernant la nifurantoine en raison de la survenue de graves effets secondaires hépatiques et pulmonaires et réduisant encore leurs indications).
• Le conseil ou la prescription de compléments alimentaires ou boissons à base de canneberge (cranberry) est intéressant en cas d’infection à Escherichia coli.
• Des conseils d’hygiène sont à associer, tels que se laver d’avant en arrière pour éviter la contamination de l’urètre par des germes intestinaux, éviter la constipation (boissons, activité physique), aller uriner avant et après les rapports, aller uriner régulièrement toutes les 2 à 3 heures.
• Les cystites non infectieuses seront prises en charge par des antalgiques ou des anti-inflammatoires. Elles doivent bénéficier d’un bilan chez un urologue si elles sont trop fréquentes.
LA PLACE DE L’HOMÉOPATHIE
• En première intention pour diminuer les symptômes gênants lorsque le diagnostic d’infection urinaire n’est pas certain ou en attendant une consultation médicale.
• De façon complémentaire avec un traitement antibiotique pour diminuer les symptômes en attendant l’action des antibiotiques.
• Chez des patientes qui présentent des infections urinaires à répétition.
• Chez des patientes qui présentent des cystalgies à urines claires.
LES LIMITES DE L’HOMÉOPATHIE
• Une cystite chez une femme enceinte doit toujours faire l’objet d’analyses pour adapter rapidement l’antibiotique au germe. En effet, chez la femme enceinte, les voies urinaires sont dilatées et les germes gagnent vite le rein Il faut empêcher la pyélonéphrite potentiellement grave et difficile à traiter chez la femme enceinte.
• Une cystite compliquée (fièvre, altération de l’état général) ou la présence de facteurs de risque particuliers (sujet âgé, polymédicamenté, diabétique, notion de malformation rénale) impose une consultation médicale rapide.
PRINCIPAUX MÉDICAMENTS HOMÉOPATHIQUES
Arsenicum album 9 CH
Anhydride arsénieux
- Douleurs très brûlantes soulagées par les applications chaudes
- Atteinte de l’état général, sujet pâle et affaibli
- Anxiété
- Soif de petites quantités d’eau tiède ou chaude fréquemment répétées
Cantharis 9 CH
Lytta vesicatoria Fabre (Méloides) Cantharide Partie utilisée : l’insecte desséché
- Douleurs brûlantes avant, pendant et après la miction
- Mictions fréquentes et peu abondantes
Formica rufa 5 CH
Formica rufa L. (Formicidés) Fourmi rouge Partie utilisée : insecte entier
- Inflammation avec protéinurie, urines troubles et malodorantes
- Cystite d’origine microcristalline accompagnée ou alternant avec des arthralgies sur des terrains hyperuricémiques
Mercurius corrosivus 9 CH
Chlorure mercurique, sublimé corrosif
- Cystites suraiguës avec ténesme et hémorragies
- Urines albumineuses, sanglantes, brûlantes, peu abondantes•
Sepia officinalis 9 CH
Sepia officinalis L. (Sepidae) Encre de seiche
- Besoin impérieux d’uriner avec sensation de pesanteur vésicale
- Urines troubles et fétides
- Constipation associée
Serum anticolibacillaire 8 DH
Biothérapique : sérum anticolibacillaire purifié d’origine caprine
- Colibacillose urinaire en phase aiguë
- En aigu on l’utilise en dilutions décimales Hahnemanniennes 8 DH fréquemment répétées
- Les médecins homéopathes dans le cas des infections urinaires chroniques l’utilisent en doses hebdomadaires en 15 CH mais lui préfèrent souvent Colibacillinum 15 CH
Staphysagria 9 CH
Delphinium staphysagria L. (Renonculacées) Staphysaigre ou Herbe aux poux Partie utilisée : les graines
- Cystalgies après sondage
- Cystites à urines claires
- Cystites des jeunes filles, lors des premiers rapports sexuels
- Brûlure uretrale entre les mictions qui cesse en urinant
Terebinthina 5 CH
Larix decidua Miller (Pinacées) Térébenthine de Venise-Mélèze
- Mictions fréquentes et douloureuses avec sensation de brûlure et ténesme vésical
- Hématurie de sang foncé avec oligurie
- Urines dégageant une odeur aromatique comparée à celle de la violette